«Trilogie de la Jeunesse; première partie: les Mains». Lorsqu'elle lance cette pièce en février 1999, la salle madrilène Cuarta Pared monte son projet le plus ambitieux: raconter l'Espagne rurale des sinistres années 40 à travers le regard de six jeunes d'aujourd'hui. Au lieu d'en faire un long récit didactique, les auteurs imposent une cadence rythmée par des flash-backs, des scènes courtes, et des mini-entractes où chaque acteur narre son histoire personnelle. Un langage neuf qui a convaincu les programmateurs du «Festival Mira!», à Toulouse, de présenter cette pièce comme un des étendards de la nouvelle dramaturgie espagnole.
D'ordinaire, un spectacle monté par une salle «alternative» tient une quinzaine de jours, confinée à un public très restreint; Las Manos (les Mains) va connaître le succès public, des critiques élogieuses, deux ans de représentation, une tournée nationale, Barcelone, Valence, La Corogne... La deuxième partie de la «Trilogie», Imagina, qui dépeint la fin du franquisme, connaîtra le même accueil.
Consécration. Pour Cuarta Pared, petite salle d'un quartier populaire de Madrid, c'est une consécration, après des années de sacrifice. Contre toute attente, elle s'est imposée comme la référence contemporaine dans la capitale, le point de rencontre avec les compagnies étrangères, en donnant un coup de vieux au théâtre institutionnel (théâtre espagnol, Maria Guerrero...).
Tout commence en 1985, lorsqu'une grappe de passionnés investit un garage à l'abandon. Ces j