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Libération
Critique

Au musée Guimet, toute la richesse d'un art rescapé.

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publié le 1er mars 2002 à 22h27

«Nous ne monterons plus sur la tête du bouddha de Bamiyan, dressé dans sa niche comme une baleine en cale sèche... Jamais. Jamais. Jamais plus»: la lamentation de Bruce Chatwin dans sa préface au légendaire Route d'Oxiane de Robert Byron, pourrait servir d'introduction à l'exposition sans précédent que le musée Guimet consacre à l'Afghanistan.

Le film de la destruction à l'explosif des bouddhas géants de Bamiyan qui, projetée en boucle, ouvrait l'exposition quand elle fut d'abord présentée (d'octobre à décembre) à Barcelone, a disparu ­ trop réminiscent des images de la destruction des Twin Towers de New York dont elles furent la prémonition. Tout comme les photos de grands reporters contemporains dont les clichés chroniquaient l'interminable martyr afghan. C'est que, du musée de la Caixa à Guimet, l'actualité afghane est passée de la révulsion internationale à l'encontre des talibans à un fragile espoir de printemps et de renaissance. L'Afghanistan vit à l'heure de la reconstruction, et Guimet lui offre celle d'un musée ­ pour l'heure en exil. Paris devient pour un temps ce qu'était, et devrait redevenir, le musée national de Kaboul...

Fusion esthétique. Rarement paradoxe aura été illustré de manière aussi éclatante: l'art de l'Afghanistan, son patrimoine, ne doivent leur survie qu'au fait que des étrangers (archéologues, conservateurs de musée, ou collectionneurs privés ) s'en sont emparés... Nombre des 250 objets exposés proviennent de Kaboul, par les voies mystérieuses du