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Libération

Les bouddhas, pierre apparente du désastre.

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Les spécialistes s'alarment pour des dizaines de sites afghans.
publié le 1er mars 2002 à 22h27

Kaboul envoyé spécial.

Paradoxe de l'aide à un patrimoine afghan com plètement naufragé par vingt-trois ans de guerre, la communauté internationale prévoit de réunir des millions de dollars pour «ressusciter» les grands bouddhas de Bamiyan, mais l'Institut archéologique de Kaboul demeure toujours dépourvu de véhicule et même de la moindre machine à écrire. Et il n'a pas reçu de nouveaux livres depuis... 1978. Idem pour tout l'héritage culturel et historique de l'Afghanistan: seule fait son chemin l'idée de reconstruire les Bouddhas géants, anéantis l'an dernier par les talibans, alors que des dizaines d'au tres sites extraordinaires s'en vont à la ruine ou s'en retournent au sable. «La priorité absolue, martèle l'archéologue français Roland Besenval (CNRS-musée Guimet), ce n'est pas les bouddhas. Ils sont détruits, donc ils peuvent attendre. La priorité, c'est d'abord l'aide aux structures archéologiques locales qui travaillent dans des conditions apocalyptiques. C'est ensuite l'évaluation des dégâts qu'ont connus les sites. C'est enfin la préservation du patrimoine afghan: il faut que soit mis fin de toute urgence à son pillage quotidien et à sa destruction».

En Afghanistan, le désastre est partout. A Herat (ouest du pays), ville pourtant inscrite depuis 1975 par l'Unesco sur la liste du patrimoine mondial, les six minarets emblématiques de la vieille cité sont très mal en point. Construits en 1417, ils avaient été décrits par l'écrivain Robert Byron comme «le plus bel exempl