La Havane envoyé spécial
Quelques jours avant l'ouverture de la Foire internationale du livre de La Havane, le 7 février, des dissidents cubains et des associations de lutte pour les droits de l'homme lancent un appel en faveur de «bibliothécaires indépendants» qui seraient persécutés à Cuba. Ces «bibliothécaires indépendants» ne sont pas des bibliothécaires, mais un assemblage hétéroclite de militants des droits de l'homme qui prêtent leurs livres, parfois dissidents, à qui veut les emprunter. Leurs bibliothèques, personnelles, quelques dizaines ou quelques centaines de livres selon les cas, sont donc un prétexte symbolique. Leurs discours sont moins politiques qu'humanistes. Certains semblent plus sincères que d'autres, qui cherchent visiblement le visa américain ou un baume narcissique. Comme toujours à Cuba, tout se mélange.
Castro pris au mot. Le mouvement a été créé par deux universitaires de Las Tunas, une ville de l'est. «Le 3 mars 1998», précise la douce Gisela Sablon, 37 ans, son actuelle responsable, avec ce sens de la date que l'on retrouve chez tous et qui rappelle, comme un reflet, l'obsession du régime cubain pour les chiffres et les célébrations. Les fondateurs ont rejoint les Etats-Unis, avec des visas d'exilés politiques, «le 27 décembre 2001», après avoir perdu leur emploi. L'idée des bibliothèques leur était venue à la fin d'une fête du Livre. Un journaliste demande à Fidel Castro : «Y a-t-il des livres interdits à Cuba ?» «Non, répond le Lider Maximo, il n