Quand Constantin Huygens rencontre le Moghol Akbar, commence le spectacle de lanternes magiques proposé par la Cinémathèque française. Le premier, petit garçon, est le fils du célèbre Christiaan Huygens, astronome hollandais qui conçut la lanterne initiale et projeta à La Haye sa première image en 1659, un squelette échappé de la Danse de mort de Holbein. Le second, vieil empereur, est l'un de ces «éclairés» qui souhaitent transmettre les secrets d'un mystérieux diamant, le Khalich'nor. Il fait surtout partie d'un des nombreux récits rocambolesques, exotiques, colorés, habitant les 6 000 plaques de verre que conserve la Cinémathèque française dans la plus belle collection du genre, rassemblée au début du XXe siècle par l'Anglais Will Day et achetée par Henri Langlois, fondateur de l'institution cinéphile, au début des années 60.
Conté par une bonimenteuse, rythmé par batterie, guitare et contrebasse, ce spectacle de 50 minutes nous projette dans ces fictions, et dans ces trésors rarement sortis des réserves. Des dizaines de lanternes, de la fin du XVIIe siècle au début du XXe, des milliers de plaques, de partitions, d'histoires illustrées, tout ce qui eut autrefois la force de saisir les yeux. La lanterne, «cassette des illusions», «lumière de peur», «mégalographie», fameuse illusion que décrit ainsi Charles Patin en 1674 : «Cet Art trompeur se joue de nos yeux et, avec la règle et le compas, les couleurs et les terreurs, dérègle tous nos sens.»
Spectacle total. Aujourd'hui, u