Menu
Libération
Critique

Chez Bächli, l'oeil se balade

Article réservé aux abonnés
publié le 4 mars 2002 à 22h29

L'occasion est à saisir: une double exposition dans deux lieux superbes, respectivement normand et breton, bientôt une troisième à Strasbourg, le tout couronné par un catalogue commun. Cela permet de mieux cerner le monde de Sylvia Bächli. Née en Suisse à Baden, en 1956, elle vit actuellement entre Bâle et Paris, enseigne à Karlsruhe, ce qui lui vaut de longs voyages en train pour joindre les deux bouts de ces trois villes. On n'en sait guère plus, sinon qu'elle garde le même compagnon, un artiste aussi, depuis l'adolescence. Voilà. L'artiste Sylvia Bächli, elle, est tout entière vouée au dessin, et accessoirement à la photographie.

Elle utilise du papier, aux formats sans surprises, mais jamais le crayon: toujours l'encre de chine, la gouache, l'aquarelle, la craie ou le pastel gras, dont l'effet s'étale en des nuances allant du noir foncé au gris délavé. Comme Jean-Jacques Rousseau, ancêtre illustre en matière de rituels nécessaires à la création, Sylvia Bächli pratique une hygiène artistique solitaire: elle dessine en fin de matinée et se promène en fin d'après-midi. Les deux activités semblent se conjuguer dans l'activité visuelle du spectateur: on se promène dans ses dessins. La ductilité, le glissement de l'encre ou de la craie conduisent et entraînent les mouvements de l'oeil. Comme la vision qu'on a du paysage depuis un train en marche. Jamais de représentations définies, finies, cernées et ombrées, mais plutôt des allusions à des postures corporelles ­ le croisement