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Critique

La main Mies sur Berlin

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L'architecte pionnier Ludwig Mies van der Rohe en deux expos.
publié le 4 mars 2002 à 22h29

Le promeneur qui irait baguenauder dans le sud-ouest de Berlin (district de Zehlendor), mettrait sur le compte d'un abus de stupéfiants qu'on puisse lui apprendre que certaines villas cossues qui s'y élèvent sont l'oeuvre d'un des pères de l'architecture moderne: Ludwig Mies van der Rohe. On n'en croit pas ses yeux: des bâtisses lourdingues, néoclassiques si l'on veut, interprétation du style prussien. «Prusse», le gros mot est lâché et il sert de passe-partout à une importante exposition à l'Altes Museum de Berlin, consacrée aux années berlinoises (1907-1938) de Mies van der Rohe.

Prussien? La manifestation s'ouvre avec une gravure de 1823 représentant l'avenue Unter den Linden avec vue sur l'Altes Museum, où, hasard plaisant, a lieu l'exposition. Ce qui est sans doute encore plus un hasard, c'est que cette gravure est due à Karl Friedrich Schinkel (1781-1841), architecte et admirateur de l'Antiquité grecque, qui diffusa le style «classique» en Prusse, notamment en édifiant ­ tout se tient dirait-on ­, l'Altes Museum. Et comme Mies van der Rohe a étudié Schinkel, et comme il a été employé en son jeune temps au bureau du designer et architecte Peter Behrens, chantre au début du XXe siècle du néoclassicisme, top là! le tour est joué. Et c'est ainsi que Peter-Klaus Schuster, directeur des musées d'Etat de Berlin, peut déclarer sans rire que la présentation des oeuvres berlinoises de Mies dans l'Altes Museum bâti par Schinkel est une preuve qu'elles doivent beaucoup aux traditio