Quarantaine, allure de bad boy mais politesse exquise et mains d'aristocrate: Takashi Miike, le sauvage. Qui, dans quelques jours, tournera son vingt-deuxième film en six ans!
Vous réalisez entre quatre et cinq films par an. Votre secret?
Même les Japonais me posent la question. Je ne connais pas de cinéaste aussi prolifique! Ce n'est pas par économie, et l'idée de faire carrière m'est étrangère. Je prends tout ce qui se présente à moi. Au tournage, mon esprit s'ouvre. C'est sans doute le moment où je me sens le plus heureux dans la vie. Je ne vais pas bouder mon plaisir. Alors je tourne... Ayant été assistant-réalisateur dix ans durant, dans des conditions de misère qui donneraient des cauchemars à tous les syndicats du monde, je sais travailler vite, avec peu de chose. Le statut de réalisateur m'emmerde. Tourner beaucoup, tourner trop, c'est une forme de résistance contre cela. Je suis le tâcheron du cinéma, j'en suis fier.
Vous travaillez à la commande?
Ce n'est pas systématique. Une fois par an, je développe un projet personnel. Le reste du temps, j'exécute un engagement. Cependant, ça devrait désormais être plus facile pour moi d'imposer mes propres sujets. Vais-je moins tourner? Pas sûr. Les commandes me rafraîchissent. Chiner, courir les antiquaires, c'est pas mon truc.
Et «Audition»?
Un producteur m'a apporté le livre de Murakami, que j'ai transformé comme s'il s'agissait d'un sujet intime. De toute façon, la distinction entre un projet personnel et une commande devient vi