Audition sort enfin en France. Deux ans et demi après sa réalisation, alors que depuis des mois une édition DVD fait les riches heures des échoppes parisiennes de la rue Dante ou de ses homologues hollandaises du Haarlemmerstraat. C'est justement parce qu'il est «dézoné» (ainsi que les DVD précités), déglingué et azimuté comme peu d'autres films qu'Audition aura joui si vite d'un culte équivalent à celui d'Evil Dead (Sam Raimi) ou de Suspiria (Dario Argento) en leur temps.
Fan-club. C'est l'un des charmes du nouveau cinéma japonais, par-delà sa créativité, que de nous ramener sans cesse à l'orée des années 80 quand surgissaient des enfers des vidéoclubs des merveilles d'infamie qu'aucune salle n'aurait imaginé projeter. Un fan-club Miike s'est même créé en Europe autour de ses films montrés à l'Etrange Festival, de quelques opus en numérique réellement scandaleux (inceste, zoophilie, bouffe...) que Locarno programme à minuit pour les beaux yeux punk de P. J. Harvey. Et tout cela n'existerait pas si le vénéré Festival de Rotterdam n'en avait pas fait son chéri depuis trois ans.
Le mythe Miike n'a pas fini de grandir. Parce que ce personnage, dans une inconscience totale à l'égard du marché et de sa propre santé, tourne sans discontinuer cinq films par an; car l'accumulation des films fait effectivement peur, tant ceux-ci n'hésitent pas à prendre au pied de la lettre et de l'image une représentation de cette part maudite et taboue (porno chic, libération sexuelle...) que le rest