Au début des années 90, Rouge et Center Stage, deux des quatorze films de Stanley Kwan, ont participé à l'émergence d'une génération de cinéastes. Son oeuvre n'a cessé de revenir sur deux sujets: l'homosexualité et l'héritage chinois. Rencontre parisienne.
Livre. «Lan Yu est adapté d'un journal intime clandestin publié sur Internet. L'aspect parfois pornographique du livre, certains côtés naïfs m'avaient énervé, mais il disait aussi comment vivent les homosexuels pékinois. Vu de Hong-Kong, cela m'avait passionné. Et puis, comme dans Lan Yu, William, mon compagnon, trouvait soudain, après douze ans, que notre couple n'avait plus de sens puisqu'on ne pouvait pas avoir d'enfant. Il envisageait que nous nous séparions. Le livre me renvoyait à ma propre vie.»
Tournage et censure. «Nous avons tourné en Chine populaire, sans autorisation. Par notre producteur de Pékin, on a bénéficié de soutiens. Notre équipe était conséquente, on ne passait pas inaperçu et nous avons pu tourner sur le terrain de basket d'une université, avec des figurants solidaires. Cela prouve le double jeu des autorités chinoises: elles n'approuveront pas le film, mais veulent faire montre de tolérance en nous laissant tourner. Quand le film a reçu cinq récompenses à Taipei, l'organe officiel du cinéma chinois a évoqué un film d'un réalisateur de Hong-Kong. Nulle part il n'était fait mention du tournage en Chine, rien sur son épineux sujet. Tout repose désormais sur le non-dit, l'hypocrisie. Mais il ne faut pas r