Pluvieux, pris aux glaces, éploré ou naufragé, bref, poisseux, le mélo littéraire mais efficacement touchant Terre Neuve, tourné en paysage naturel de dépression météorologique, est l'histoire d'une liquidation. Dont la morale pourrait être que, comme la nostalgie, le deuil est deuil de deuil.
Un canard boiteux d'homme patauge dans la nasse de sa condition humaine. Fondant devant les femmes, suintant la peur, physiquement lessivé, ce plongeur de l'épreuve de fond qui commence est Kevin Spacey, sans prénom à l'écran tant il est le personnage de Quoyle.
Ce Terre-Neuvien idéal de notre navigation à vue du jour entame d'ailleurs sa démonstration de talent, avant même d'achever d'enfouir sa bouille kalmouke sous un bonnet marin mou, en donnant de la voix si l'on peut dire. Un soliloque morne, en descente foetale, ouvre le ban; par la magie de la diction lymphatique de Spacey, ce prologue parlé est à pleurer. D'ailleurs, la même tristesse infuse suscite simultanément le rire à force de calamiteux: autre indice de la qualité de jeu du soleil noir de Seven.
Soudain, sous la pluie qui le nappe dans l'habitacle d'une voiture comme ressortie de l'exposition de Chaos (scène de ménage dans une rue, femme molestée qui surgit et prend le témoin à partie, ennuis s'ensuivant), on reconnaît le type à travers la vitre, c'est Murat. Ces «soleils mouillés de ses yeux brouillés» baudelairiens de chien mouillé, cette grâce défaite, c'est notre elfe fripé d'Orcival, Peter Panique aux ailes de «libel