Certains ont reproché au Ballet de l'Opéra de Paris ne n'être qu'une maison de danseurs et de ne pas produire de chorégraphes depuis Roland Petit et peut-être Noureev. Mais est-ce qu'un chorégraphe se fabrique? Cela ne relève pas de l'évidence.
Kader Belarbi, étoile depuis 1999, a lui aussi déçu avec Hurlevent. Avec l'aide d'Agathe Berman pour le livret, il s'est emparé du roman d'Emily Brontë, les Hauts de Hurlevent/Wuthering Heights. Sa volonté de raconter toute l'histoire est un parti pris qui a le douloureux effet de tout laminer. On ne voit pas quel est l'angle, le point de vue du chorégraphe, à travers les yeux de quel personnage il relit ce roman nocturne, alcoolisé et fiévreux qui, entre autres créateurs, inspira Balthus.
Narratif. Ici, point de démesure. Kader Belarbi s'est appliqué à construire un ballet narratif où l'on passe de la sauvagerie de la lande au confort du salon bourgeois, où les «familles» se côtoient avant de se mélanger. Résumons: Catherine aime Heathcliff, un «bohémien» recueilli par son père et que son assoiffé de frère Hindley déteste. Elle ne résistera pas au charme de la famille Linton, épousant Edgar pour mourir dans ses bras en pensant à ceux d'Heathcliff qui, lui-même, va se marier avec la soeur d'Edgar. Il ne s'en suivra que des décès, avant qu'Heathcliff s'unisse au fantôme de Catherine à la fin d'un second acte irréel. On retrouve bien des éléments du ballet romantique, autant dans les pas que dans l'utilisation du corps de ballet, avec un