Son prénom, Susheela, signifie «pleine de vertus», mais, dans un rire complice, elle raconte que, adolescente, elle cachait son boyfriend sous son lit. Née de parents tamouls, émigrés à la fin des années 60 en Angleterre puis en Australie, Susheela Raman, 27 ans, récente lauréate du prix Mercury pour son premier album Salt Rain, comme beaucoup d'autres (Nitin Sawhney, Talvin Singh, Asian Dub Foundation), a dû composer avec sa double culture: «En Australie, il n'y avait pas beaucoup de familles indiennes. Ma mère s'est efforcée de préserver la tradition au mieux. Je n'écoutais chez moi que de la musique indienne, juqu'à ce que, adolescente, je me mette à écouter la radio. De 15 à 20 ans, j'ai fait partie de groupes où je hurlais plus que je ne chantais les classiques d'Aretha Franklin, Janis Joplin... Avec mes parents, je poussais toujours un peu plus loin les limites de la tolérance».
Enfant, Susheela Raman apprend le répertoire de la musique carnatique du Sud de l'Inde, influencée par deux compositeurs du XVIIe siècle qui chantaient en telugu, langue d'une province voisine des Tamouls, et en sanskrit, l'équivalent du latin en Occident: «Le village natal de ma mère, Tiruvayar, est, depuis deux mille ans, le centre culturel du sanskrit». De la religion hindoue, elle dit n'avoir retenu que la poésie et prétend aimer autant les chorales de Noël organisées par sa belle-mère. Les conflits religieux ont eu raison de sa foi. En revanche, Salt Rain, («pluie salée», pour évoquer les l