envoyé spécial à Venise
Il est près de 22 heures dans la Scuola Grande San Giovanni Evangelista, où Andrea Marcon enregistre un nouveau disque de son Venice Baroque Orchestra. Les caméras de télévision fixent l'événement, les ingénieurs du son s'affairent. Soliste invitée, la mezzo Angelika Kirschschlager chauffe sa voix. Les prises sont nombreuses, les variations de température et d'hydrométrie fatales aux vents et cuivres. Mais malgré l'intonation flottante contaminant jusqu'aux cordes et les couacs audibles, un certain charme opère.
Archet lyrique. Sensualité, couleurs nobles, tendre luminosité sont un peu la marque de fabrique de l'ensemble signé par Sony et dont les premiers envois discographiques ont été des succès. Que ce soit dans les Quatre Saisons ou les derniers concertos pour violon et orchestre de Vivaldi enregistrés en première mondiale, le Venice Baroque Orchestra a impressionné. L'association avec le violoniste Giuliano Carmignola n'y est pas pour rien. A son raffinement apollonien, sonnant aussi souple, lyrique et racé qu'un instrument moderne, certains préféreront l'archet plus sanguin, creusant des contrastes fiévreux, d'un Biondi. C'est affaire de goût car, en disque, la cohérence et la beauté de la réalisation taquinent littéralement les cimes.
C'est au conservatoire de Venise que Carmignola, alors professeur de violon, et Andrea Marcon, étudiant en orgue, se sont rencontrés. Originaire de Trevise, formé par son père, le conservatoire Benedetto-Marcello de