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Libération
Critique

La «Vérité» de Vivaldi selon Spinosi

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publié le 18 mars 2002 à 22h37

De Fabio Biondi à Giuliano Carmignola en passant par Il Giardino armonico, nombre de musiciens, chefs ou ensembles ultravirtuoses semblent s'être donné pour mission ces dernières années de faire découvrir l'oeuvre de Vivaldi à leurs contemporains. Pas uniquement les Quatre Saisons, record mondial des oeuvres enregistrées avec près de 300 versions discographiques existantes, mais tout le reste, véritable terra incognita des mélomanes, à savoir 94 opéras, des concertos, des oratorios, des messes, des cantates, des sonates en trio, autant d'oeuvres composées par le maître vénitien entre ses propres concerts en tant que violoniste ou chef. Musicien «capable de passer en une mesure de la jubilation à la mélancolie la plus extrême», bon vivant «à moitié défroqué, partant en tournée avec ses protégées», Vivaldi fascine Jean-Christophe Spinosi. A le voir diriger son ensemble Matheus, donner comme un jazzman le tempo à la blanche à ses musiciens, puis accorder leurs postures et mouvements comme un chorégraphe, on est d'abord surpris. A moins d'entendre comme lui certaines analogies structurelles, sur le plan harmonique (dominante-tonique-septième) ou rythmique (hiérarchie des temps forts et faibles), entre la musique si dansante de Vivaldi et le swing sur pulsation continue du jazz, du funk, de la pop ou de la techno. «L'inconscient des gens de ma génération est inévitablement pop avant d'être classique, explique-t-il. Le continuo baroque et le trio jazz, c'est pareil. Je ne peux pas