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Libération
Critique

Figures de Ballet

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publié le 19 mars 2002 à 22h38

Elle aurait pu s'appeler «Promenade» ou «No Man's Land» (No Woman's Land?) ou «Laisse» (au sens de plage que la mer dénude à chaque marée). L'exposition nîmoise d'Elisabeth Ballet s'intitule Vie privée. Apparemment, il y aurait hiatus entre intention de l'artiste et perception du spectateur. Mais, au fur et à mesure de la visite, la contradiction s'estompe. Les salles du musée proposent en effet un parcours original. Au lieu de passer de l'une à l'autre en suivant un cheminement découpé et fragmentaire, on les enchaîne comme on le ferait des chapitres successifs d'un récit. Chaque territoire correspond à une proposition simple. Une barrière ajointée à un petit mur de parpaings, des épingles géantes éparpillées sur un plancher ajouté, un caisson en verre fumé posé sur du sable, des flaques en bois, telles sont les principales étapes de cette déambulation. Le déroulé général n'obéit pourtant pas aux règles de la narration ordinaire. Il inciterait plutôt à chercher les chemins de traverse.

L'expérience peut être décrite simplement. Arrivé au dernier étage, le visiteur con tourne une barrière qui ne barre rien et deux moniteurs vidéo abandonnés par terre, hésite devant la cafétéria puis lui tourne le dos. En quelques minutes, il a fait un tour complet qui le ramène à son point de départ. Des oeuvres qu'il a croisées, aux formes élémentaires et de volume conséquent, un seul coup d'oeil lui aura permis de prendre la mesure. Ayant bouclé la boucle, il aura loisir de pousser la porte