Il y a deux parties dans A l'ombre de la haine (Monster's Ball en VO). Dans la première, un prisonnier black, Lawrence Musgrove (Sean Combs), finit, après onze ans derrière les barreaux, par passer sur la chaise électrique. Parmi ses bourreaux, aux premières loges, on trouve un sale type, Hank Grotowski (Billy Bob Thornton, l'opacité faite homme), et son fils, Sonny (Heath Ledger), soit le briscard impassible et le débutant traumatisé. Dans la seconde partie, Hank, fraîchement démissionné du pénitencier, croise la route d'une jeune serveuse black, Leticia (Halle Berry), dont il tombe amoureux en ignorant qu'elle est la femme de l'ultime supplicié... Dans le Chicago Reader, le critique Jonathan Rosenbaum avoue avoir été touché par le film mais se demande si ce n'est pas pour de très mauvaises raisons, par exemple parce que le scénario dit ce que les Américains ont toujours eu envie d'entendre: que les péchés fondateurs du pays (esclavagisme, haine raciale) commis par la collectivité peuvent être lavés d'un coup d'un seul par la rencontre miraculeuse et rédemptrice de deux individus, par exemple un homme blanc et une femme noire. Avec une ironie amère, il intitule son texte: «Tout est pardonné».
Tordu. «J'encourageais les acteurs à présenter leurs personnages dans toute leur humanité désespérée, explique Marc Forster, ce qui devait à mon sens permettre de rendre des étiquettes telles que "sympathique" ou "antipathique" complètement hors sujet.» Le film va en effet assez loin da