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Libération
Critique

«Ring 2» sans filet

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publié le 20 mars 2002 à 22h39

Ring 1 était un film effrayant. Ring 2 est effrayé, rongé par la tétanie. Immobile, atone, gagné par ses propres démons, c'est un cas rarissime d'une séquelle qui, plutôt que de photocopier le premier de ses épisodes (ce sera une trilogie) de façon quasi numérique, préfère plonger « son » visage entre ses deux mains et regarder l'ampleur des désastres à travers des yeux cernés.

Hébétude. Le cinéma japonais n'a visiblement rien à foutre des recettes qui, en France comme à Hollywood, font la loi des séries. Le film prend au contraire le terme de séquelle dans son sens plein, en se présentant à nous défait, dans un état d'hébétude et de dénuement complet, exigeant de nous une bonne heure de grasse matinée pour se remettre des émotions passées, boire un thé vert, comprendre. C'est un film qui avance dans l'eau gelée sans jamais affirmer à son spectateur s'il trouvera un peu de l'énergie nécessaire pour que quelque chose ici se passe et fasse suite aux aventures de la mathématicienne Mai Tanako.

Elle n'a toujours pas renoncé à son casque de Mireille Matthieu et chasse encore Sadako, la femme fantôme vivant cloîtrée depuis trois décennies au fond d'un puits boueux, manifestant sa colère par cassette vidéo interposée et coup de fil assassin (le « rrrriiiiinngg » fameux). Ring 2 est donc plus que tordu. C'est le fruit malade d'un gang de cerveaux évoluant dans un cinéma japonais ultrasophistiqué, minimal et milliardaire à la fois. Nakata et sa clique savent très bien ce qu'ils font en