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Libération

A Tokyo, les fans se jouent le film grandeur nature

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Chaque mois, des groupes s'affrontent à coup de billes en plastique.
publié le 27 mars 2002 à 22h43

Kawaguchi envoyé spécial

Le plancher craque sous les rangers. L'armoire métallique vacille sous le coup d'épaule du combattant. Le laser rouge, comme une lame, troue l'obscurité et imprime sa marque sur le cou de «l'ennemi» juste avant qu'une balle ne l'atteigne. La scène n'est pas tirée d'Avalon et de sa guérilla virtuelle mise en image par Mamoru Oshii. Bien réelle, elle se déroule au deuxième étage d'un énorme stand de tir de Kawaguchi, dans la grande banlieue de Tokyo. Le coup de feu mortel n'a pas fait de victime, mais il a bien eu lieu... craché par le revolver à air comprimé et à billes plastiques d'Hirotaka Kon, 35 ans, le tireur d'élite des mercenaires virtuels du quartier d'Ueno.

Passionnés par la guerre urbaine, fondus d'Avalon et de ses décors à glacer les sangs, Hirotaka et les siens jouent chaque mois une réplique grandeur nature du film de Mamoru Oshii. Dans un hangar désaffecté, encombré de carcasses de meubles, de ferrailles et de vieilles piles de journaux usagés, ils se tuent dans les mêmes conditions, avec le même déluge de cruauté. L'endroit leur est loué 30 000 yens par jour (environ 260 euros) par le propriétaire du stand de tir El Air. Seule l'issue du jeu diffère d'Avalon : dans la vie réelle, les combattants abattus ne meurent pas et les perdants ne sont pas lobotomisés.

Survie. Sorti en janvier 2001 sur les écrans japonais, Avalon reprend la thématique chère à de nombreux jeux vidéo vedettes de l'archipel : des combattants perdus, oubliés de tous, se