Le cadre rappelle le bush fantôme d'Animals avec Tim Roth ou le Sud du fusilier Ferrer; c'est quelque chose comme Bagdad Bodega. La chose se passe dans une enclave hispanique australienne. D'où le titre.
Anglo-saxon, parlant castellano, la Spagnola a trois motifs. D'abord, les bagnoles, signe extérieur pitoyable de richesse traversant la chronique de moeurs engagée. Ensuite, la poussière, d'entrée soulevée, époussetée, mesurant l'espace-temps imparti de «1960» poussière de mort douce qu'agite une fille maussade, contrariée par les dissensions secouant le ménage taré de ses parents. Et enfin, faisant pièce aux carrosseries et à la poussière, sous laquelle l'adolescente maquille de drôles de passes photographiques au fond d'un poulailler merdeux, une austère et vibrante beauté de femme.
A faire honte au bataillon des sex-symbols 35 mm saisonniers, cette brune mate et pâle, extrêmement charnelle, arabisante comme une trépigneuse de flamenco, est la «Spagnole» à l'affiche en fait, Italienne d'après son nom, à la ville comme à la scène: Lola (Marceli). On ne peut qualifier une telle personne de «canon»; c'est au-delà: canonnade à elle seule, «à boulets ramés» sous pavillon noir, un Trafalgar à talons.
Cette créature explosive, brûlante et frigide ensemble, obscure splendeur furieuse, suffit à tenir, justifier, voire transporter, le film une séquence de petite cuisine suffisant du reste à discréditer le même long métrage, en en justifiant accessoirement l'inscription au tableau