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Libération
Interview

Montypythonneries verbales

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Rencontre avec les réalisateurs de «Sacré Graal». Le film-culte ressort en salles.
par Phil CASOAR
publié le 27 mars 2002 à 22h43

Brosse poivre et sel, trapu, élastique, Terry Gilliam déboule tel un vieux marmouset hilare sorti de son Time Bandits. Terry Jones, lunettes demi-lunes et canne, affiche au repos l’air digne d’un notable anglais posant pour un peintre du XIXe, mais se mue en énergumène dès qu’il s’anime, glapissant insanités et vannes scato. Quand le photographe demande à Gilliam de s’asseoir sur les genoux de Jones, les deux Pythons sont pris d’un doute : «Vous êtes sûrs que c’est vraiment pour Libération ?»

Il y a vingt-huit ans, les deux Terry dirigeaient le premier long métrage des Pythons. Passablement chaotique, le tournage de Sacré Graal sema la zizanie au sein de la bande des six. Gilliam enluminait l’atmosphère médiévale du film, tandis que John Cleese, préoccupé de son jeu et de son texte, s’en contrefoutait, ne comprenant pas l’intérêt de s’agenouiller dans un fossé boueux, tête inclinée de façon à ce que son heaume reflète un rayon de soleil… Terry Jones, lui, s’évertuait à diriger ses camarades en beuglant aux techniciens des ordres en contradiction avec ceux de Terry Gilliam qui s’occupait du cadre. Un soir en Ecosse, Graham Chapman, torché, accusa les Terry de tout foutre en l’air… Ce tournage épique accoucha d’un film splendidement foutraque, qui fait figure de monument du nonsense british.

A l’heure où Sacré Graal ressort en salles et se trouve gravé en DVD (augmenté d’une director’s cut gag), que reste-t-il de l’esprit du Monty Python