Hans-Peter Feldmann chausse du 45, aime Monica Vitti et n'a pas froid aux yeux. Pour preuve, «Une exposition d'art», ensemble étourdissant d'objets et d'images qu'il a expressément rassemblé au Centre national de la photographie à Paris, après l'avoir présenté à la fondation Tàpies de Barcelone (1). Il y a là un vélo tout neuf et un imperméable taille Bogart, des centaines de trucs, de machins foutus et de bidules qui pourraient encore servir, des cartes postales et des posters, des photocopies et des affiches réimprimées, certains soigneusement disposés en vitrine, d'autres à l'air libre. S'il n'y avait la certitude d'être dans un lieu institutionnel, on pourrait se croire dans les coulisses du prochain jeu télé d'Alain Chabat ou dans les sous-sols d'une vente de charité antiécologique, tant est grande l'impression d'un immense débordement.
Cabinets de curiosités. C'est de ce débordement, justement, dont se nourrit Feldmann, artiste sans modèle, né en 1941 à Düsseldorf (Allemagne), et qui s'amuse très sérieusement à réfléchir à la vie, en général, et à sa représentation, en particulier. Cela signifie que le moindre détail a ici son importance, mais aussi que rien n'a vraiment d'importance, puisque cet artiste s'accorde à déstabiliser la notion d'oeuvre d'art. Surtout, ces images qui ne cessent de se reproduire autour de nous comme des pissenlits et que lui, depuis son adolescence nourrie d'iconographie américaine, collectionne passionnément. Non par spéculation, mais par pur