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Libération
Critique

1849-1946 : Shanghai s'encanaille

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publié le 2 avril 2002 à 22h54

Quand Tintin arrive en Chine pour y traquer le Lotus bleu, c'est évidemment à Shanghai qu'il débarque. Il ne tarde pas s'y heurter au racisme anti- «chinetoque» des Occidentaux qui règnent sur la concession internationale, forts de l'impunité que leur assure le statut d'extraterritorialité. Il y découvre aussi les ravages de l'opium et les manigances de l'agent japonais Mitsuhirato.

Les concessions de Shanghai ­ l'internationale et la française, les Français ayant refusé de se fondre dans une concession dominée par les Anglais ­ sont gravées dans les fantasmes occidentaux depuis les années 30. Hergé, mais aussi Orson Welles (la Dame de Shanghai), Josef von Sternberg (Shanghai Gesture), Vicky Baum (Shanghai 1937), André Malraux (qui y entreprit la rédaction de la Condition humaine en 1931) et bien d'autres ont forgé la mythologie de cette ville fabuleuse et décadente. «La piraterie, le jeu, les cocktails ­ Un million de dollars, c'est le nom du cocktail de Shanghai ­ l'opium, la morphine, la cocaïne, l'héroïne (y) trouvent leur éternel printemps», écrivait Albert Londres dans la Chine en folie.

Mais qu'y avait-il derrière ce mythe ? Le musée Albert-Kahn a entrepris de conter l'histoire, aussi extraordinaire que mouvementée, du «Paris de l'Orient», au travers d'archives, écrites ou photographiques. Des documents qui proviennent du ministère des Affaires étrangères, mais aussi d'autres institutions présentes (la Compagnie de Jésus, l'Institut Pasteur...) et de familles françaises