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Critique

Fahlström, touche-à-tout visionnaire et interactif

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publié le 2 avril 2002 à 22h54

La coïncidence est trop belle pour ne tenir que du hasard : si le Moderna Museet de Stockholm n'avait momentanément fermé, le public français n'aurait jamais vu la rétrospective Oyvind Fahlström, en ce moment à l'Institut d'art contemporain de Villeurbanne (IAC). L'oeuvre de ce pur produit des sixties reste sous-estimée, alors que le Suédois globe-trotter (né au Brésil en 1928, grandi en Suède pendant la guerre, qui l'a séparé de ses parents, il a vécu en France, en Italie et à New York) est un visionnaire pour nos sociétés mondialisées.

Fahlström partait de loin : un nom à coucher dehors, une oeuvre qui défie les catégorisations et emprunte à la BD, la science-fiction, au surréalisme et au pop art. Engagé, tiers-mondiste et pacifiste, Oyvind Fahlström a parcouru le siècle en transposant sa poésie concrète aux arts plastiques, en instaurant des rapports codés entre éléments graphiques (le vert est sa couleur pour le tiers-monde), calligraphie et automatisme des surréalistes. Pour Jean-François Chevrier, commissaire de la rétrospective, son oeuvre «constitue peut-être le dernier massif encore méconnu de l'art des années 60 et 70».

Jeu. Fahlström a développé au moins deux sensibilités très actuelles, l'une politique, qui évoque la mondialisation, l'inégalité des échanges Nord-Sud, l'écologie ; l'autre interactive, qui recourt au jeu. Manière d'«obliger le spectateur à bouger non seulement les yeux mais toute sa personne le long et autour de l'image, comme s'il lisait une carte,