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Libération
Interview

«Eviter le pittoresque»

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publié le 3 avril 2002 à 22h54

Daoud Aoulad Syad est né en avril 1953 à Marrakech. Après avoir soutenu un doctorat en sciences physiques et mathématiques fondamentales à Nancy, il devient photographe (Cartier-Bresson est son mentor), réalise plusieurs courts métrages, puis un long remarqué, Adieu forain (1998). Chaleureux et grave, il parle du Cheval de vent.

Trouvez-vous insultant qu'on soit «agréablement surpris» par un film marocain ?

Le cinéma marocain n'existe plus aux yeux du monde. Même le cinéma maghrébin et plus généralement encore le cinéma africain ont disparu de la carte cinéphile. On manque de locomotives. On parle du cinéma iranien parce que Kiarostami a servi d'avant-garde, du cinéma asiatique parce qu'il y a Hou Hsiao-hsien ou Wong Kar-wai. Où sont nos grands cinéastes africains ? L'autre difficulté est de faire son trou au milieu des films commerciaux marocains qui racontent toujours la même histoire : un homme riche rencontre une serveuse de bar, la famille du monsieur est hostile à cette union, mais l'amour est plus fort que tout... Je n'ai rien contre, car il est évident que ce genre de film raconte quelque chose de la société marocaine contemporaine. Mais ce n'est pas ma manière de raconter. Enfin, quand on cherche de l'argent pour faire un film marocain, il faut aussi apprivoiser et surmonter ce que la majorité des producteurs étrangers, européens, attend de nous. Des clichés. Vous êtes marocain ? Faites-nous un film sur la femme arabe, si possible battue, ou sur l'Islam, de préférence