Madame de Pompadour était si impopulaire auprès des Parisiens que, se cherchant un pied-à-terre à Paris, elle choisit, par crainte de l'émeute, l'actuel palais de l'Elysée, alors en lisière de la ville. La favorite de Louis XV, de 1745 à 1764, se trouve à l'origine involontaire d'un genre littéraire, les poissonnades, libelles violents qui jouaient avec son patronyme. Jeanne-Antoinette Poisson, faite marquise puis duchesse de Pompadour, haïe des bigots autant que des révolutionnaires (sa mauvaise réputation préfigure celle de Marie-Antoinette), a, pour comble de disgrâce, associé son nom à une esthétique moquée, le style Pompadour n'évoquant guère qu'un kitsch de bonbonnière chantournée. La Pompadour, qui a quitté Versailles en corbillard, y revient aujourd'hui grâce à une exposition qui fait justice de sa réputation, sans tomber dans les excès hagiographiques compensatoires portés à exagérer son rôle, tant en politique qu'en matière d'art.
Les talents qui lui restent suffisent à en faire un personnage remarquable et lumineux. Intelligente et cultivée, non moins que jolie, elle avait reçu une éducation soignée dans les cercles de la haute bourgeoisie. Elle avait frotté son esprit à quelques-uns des plus fins du siècle, dont celui d'Arouet. Jeune, elle avait croisé le vieux Fontenelle et, vieillissante, le jeune Bernis. Elle n'aimait pas particulièrement collectionner (goût qui existait déjà à l'époque), sauf, à la rigueur, les châteaux. Elle les meublait et les décorait elle-