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Libération
Critique

Le duc et la wonderwoman

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publié le 3 avril 2002 à 22h54

On avait découvert James Mangold à Cannes en 1996 avec Heavy, film indépendant sur les difficultés existentielles d'un jeune homme obèse. Passant sous la coupe réglée de l'écurie Miramax dès son second long-métrage, Copland, il distribuait à contre-emploi Sylvester Stallone dans le rôle d'un flic neurasthénique. Avant de rendre une sorte d'hommage à Milos Forman en démarquant Vol au-dessus d'un nid de coucou dans Vie volée, histoire d'une amitié révoltée dans un asile.

Mangold a manifestement voulu se changer les idées en écrivant Kate et Leopold, comédie sentimentale qui s'inspire, selon lui, de son admiration pour les films de Billy Wilder ou Preston Sturges. Le scénario est une abracadabrante collision de deux époques à New York. Un duc de la fin du XIXe siècle, Léopold (Hugh Jackman, qui fut Wolverine dans X-Men), est projeté dans notre monde déboussolé. Il rencontre Kate (Meg Ryan) une femme d'affaires recouverte de palm-pilots qui ne prend plus le temps de vivre, d'aimer, de rêver, etc. Détenteur d'une culture encyclopédique, fin lettré, adepte des bonnes manières, Léopold va séduire Kate en faisant assaut de galanterie.

Le film montre tous les signes de la perte d'identité d'un cinéaste de plus en plus standardisé. Mais on ne peut manquer d'être amusé par la charge en règle contre les Américains modernes. Les caricatures de la New-yorkaise stressée, défoncée de la réussite sociale, de l'intermittent du spectacle à la coule, du citadin inculte et individualiste, construi