Parenthèses et ascèse, le monde entre parenthèses, le regard comme ascèse : tel est le voeu que forme l'exposition de l'oeuvre gravé de Geneviève Asse. Celle-ci a lieu à Paris, au coeur de la BNF. Dans la grande bibliothèque où le monde est déjà entre parenthèses, mais dont l'exposition creuse un peu plus encore le silence. Cette volonté de retrait qu'affiche, si l'on peut dire, Geneviève Asse, dans son travail comme dans sa personne, sans tonitruance, a sans doute des raisons vécues. Et encore vivaces.
Geneviève Asse, née en 1923 à Vannes, s'est engagée durant la guerre d'abord dans les FFI, puis, munie d'un permis poids lourd, dans la première division blindée. Après les campagnes d'Alsace et d'Allemagne, elle est allée jusqu'à Berlin comme ambulancière : «Nous faisions les brancardages, c'était dur, nuit et jour, les hommes, c'est lourd. Et, en plus de cela, tout ce qu'on voyait, c'était des hommes blessés, des ventres ouverts... Enfin, j'en passe, beaucoup de choses terribles.» Tout de suite après, elle fut volontaire pour ramener en France les déportés survivants du camp de Terezin. En regard de ces expériences bouleversantes, intranscriptibles, pas étonnant que Geneviève Asse soit depuis lors un peintre abstrait, avec le bleu pour unique horizon, celui de ses peintures.
Handicaps. Sa première lithographie date de 1942. Objets à travers une vitre raconte la première tentative pour se frayer en noir et blanc un chemin vers la lumière, à travers les doubles obstacles du reg