Les Weight Watchers sont-ils un mythe fondateur du Nouveau Monde ? L'exposition sur le rêve américain présentée à l'hôtel de Sully mêle la gravité (clichés du monde industriel et des enfants au travail de Lewis Hine) à l'anecdotique. Comme ce daguerréotype de 1848 représentant une femme déjà adepte des régimes amaigrissants. Le photographe l'a saisie montrant une photo d'elle-même grosse, alors qu'elle achève une sévère diète. Un plaisant «avant-après», en abyme, très copié dans les magazines féminins du siècle suivant.
Plus loin, un autre daguerréotype surprend : une New-Yorkaise de 1855 est assise sur les genoux de son compagnon barbu, affichant une liberté à laquelle les premiers temps de la photographie ne nous ont pas habitués en Europe. «Y a-t-il quelque chose de typiquement américain dans les photographies américaines ?», s'interroge Andreas Blühm, commissaire de l'exposition qui regroupe 180 clichés des années 1840 à 1940 appartenant à l'Américain Stephen White. La question reste sans réelle réponse. Des portraits, des images d'immigrants, de villes en formation... L'accrochage laisse une impression de décousu, malgré les thèmes aux intitulés un brin naïfs : «Tous les hommes naissent égaux», «Capables de vaincre les montagnes...» Un désordre souvent inhérent à la constitution par coups de coeur et hasards d'une collection privée.
Confrontation entre une nation en formation et un médium tout neuf, l'exposition se visite comme on feuillette un livre. On s'arrête sur des