Quand Antonio José Santana Martins raconte son enfance dans le Sertão, le semi-désert du Nordeste brésilien, il évoque la Provence du XIIe siècle. «Les troubadours improvisaient dans une langue ancestrale. L'homme du Sertão ne savait ni lire ni écrire, mais il avait une culture très vaste, une vision du monde originale, une théogonie. Il avait soif de trouver une explication à toute chose, un sens à cette vallée de larmes dont parle la Bible.»
A 65 ans, Tom Zé, physique chétif et barbiche d'étudiant, a gardé un enthousiasme débordant, une lueur espiègle dans le regard. Comme si cette enfance hors du temps l'avait préservé du vieillissement. Trublion tropicaliste dans les années 60, oublié dans les années 70, remis en selle en 1990 par David Byrne (cerveau des Talking Heads reconverti en dénicheur averti), il enfonce le clou de son parcours zététique avec un nouvel album, le piquant Jogos de armar («Jeux de construction»). Avant-gardiste à la fois fantasque et ancré dans la tradition (maracatu, fórro, samba), il réplique selon le principe de recyclage cher aux carrinheiros (charretiers) des mégalopoles du Brésil avec sa science unique et ses instruments insolites : l'encerscopio (cireuse-mixeur), le buzinorio (table de Klaxons). Après une longue absence (sa dernière apparition au New Morning remonte à 1996), il revient pour clôturer la XIXe édition de Banlieues bleues.
Do-si-do-ré. A 17 ans, Tom Zé achète sa première guitare. «Un ami m'a révélé le contrepoint : la voix faisait