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Libération
Critique

Objets indirects

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publié le 12 avril 2002 à 23h00

«Il y a des choses ici qui me fascinent parce que je ne les comprends pas bien», avoue en souriant Alessandro Mendini. Entre cet architecte-designer italien et le duo français Beaurin-Domercq se sont tissées des «affinités électives» qui les conduisent à exposer ensemble à la Fondation Cartier. A l'invite du conservateur, Hervé Chandès, «Fragilisme» s'est composée comme une étrange exposition-rencontre entre ces trois créateurs qui s'activent aux frontières de diverses disciplines : architecture, design, peinture, sculpture, artisanat... Le résultat, qui se dissémine dans toute la transparence du bâtiment de Jean Nouvel, s'avère à la fois attachant et déconcertant.

Anomalies et anticorps. Tous les objets entremêlés ici désobéissent aux principes du design : ils rejettent toute fonctionnalité et ressemblent à des objets primitifs indéterminés. Le travail du Milanais Alessandro Mendini (né en 1931) est le corps de cette confrontation, qui lui sert aussi de première rétrospective à Paris. Il n'a cessé depuis les années 70 de creuser son design à la fois pictural utopique et transdisciplinaire (cf. Libération du 27/9/2001) tout en gardant un pied dans l'industrie. De l'école de design Global Tools (fondée en 1973) au groupe Alchimia (1976), ce théoricien contestataire a mis en scène son «Banal design», pour réagir au fonctionnalisme. «Je crois que le minimalisme est une forme de punition que nous nous infligeons», dit-il. Ici, il s'amuse à tisser une Voie lactée d'objets grands e