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Libération
Critique

La débile, le juif et le Peau-Rouge

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publié le 13 avril 2002 à 23h01

Comment Weisman, juif new-yorkais, citadin pur jus, se retrouve-t-il coincé dans un coin des montagnes Rocheuses en compagnie de sa fille débile légère et de sa femme en cendres dans une urne ? Justement, il a fait le voyage pour obéir aux dernières volontés de la défunte. Puisque de son vivant elle n'aimait pas l'avion, il a pris sa voiture, puis est tombé en panne. D'entrée, il se fait faucher sa voiture par un chasseur armé d'un fusil qui s'en va sur cette réflexion : «D'où je viens, on noie les handicapés comme des chats aveugles.»

«Golem fou». Se souvenant de Clark Gable et de Claudette Colbert dans New York Miami (entre road movie et comédie sophistiquée), Weisman s'apprête à faire de l'auto-stop lorsqu'arrive un Indien, plus peau-rouge que nature. Bramant sa colère contre le monde entier et les juifs en particulier, déballant ses mésaventures, il s'emploie à se laver de sa couleur cuivrée. En vain. Et s'il était tout simplement «un pauvre Golem fou qui se mélange les pinceaux, un petit gamin malade qui n'arrive pas à décider s'il est rouge, blanc ou bleu», pourquoi pas «un figurant d'Hollywood au chômage, qui a tellement joué les Indiens qu'il croit en être un» ?

Avec Weisman et Copperface (1), le ton est donné, mélange de ricanement, d'affolement, de goût presque enfantin pour la blague politiquement incorrecte, de désarroi, avec en plus les brusques éclats d'une lucidité rageuse au-delà de la révolte, une propension à creuser sous les mots pour atteindre les vérités q