Plus vieux, plus intello, plus rigoureux, mais aussi sans doute plus drôle, quoi que son sens de l'humour ne soit pas immédiatement perceptible, Thomas Brinkmann détonne dans le petit monde des producteurs techno. Le troisième volume de sa série Soul Center, qui sort ces jours-ci chez Mute Records (label de Depeche Mode et de Nick Cave), ne devrait pas dissiper le mystère qui l'entoure. Au sein de la bouillonnante scène allemande, et malgré de solides amitiés avec son mentor Mike Ink ou l'épicurien Markus Nikolaï notamment , c'est un personnage qui inspire un certain trouble avec sa musique de club cérébrale à l'extrême .
Avant de devenir l'un des principaux théoriciens de la scène minimale, Brinkmann a suivi un parcours atypique. La première fois que son nom est associé à un disque techno, c'est au milieu des années 90, pour des variations sur le Studio One de Mike Ink, réalisé au moyen d'une platine à double bras. Il réutilisera le même dispositif sur l'album Concept de Richie Hawtin, qui jusque-là avait toujours refusé d'être remixé.
Derrida, Foucault... Thomas Brinkmann a évolué au début des années 80 sur la scène des musiques improvisées, réalisé quelques bandes-son pour le théâtre ou travaillé, lui qui n'a pas les moyens de se payer un sampler, à partir de boucles répétitives sur des vinyles qu'il raie et perfore à la pointe du couteau. Ce «tchak boum» artisanal, retravaillé à la table de mixage, donne naissance bien des années plus tard à l'album Klick. Entretemps, T