La nouvelle Arabella de Richard Strauss coproduite par le théâtre du Châtelet et Covent Garden, dévoilée mercredi dernier à Paris, a séduit public et critique. Deux jours après le naufrage d'Idoménée au Palais-Garnier, on ne parlera pas vraiment d'exploit. Quoi que l'on pense de la direction d'orchestre pour le moins dépassionnée de Christoph von Dohnanyi, elle épargne au moins à l'auditeur problèmes de mise en place et contre-sens stylistiques. A côté de Fischer, von Dohnanyi est un pro redoutable.
Volcan manquant. La soirée n'était pourtant pas gagnée d'avance, avec le remplacement dans le rôle-titre de la soprano finlandaise Karita Mattila qui devrait reprendre ce soir par Anna Katharina Behnke. Mattila, bien que souvent basse d'intonation, n'en est pas moins une chanteuse volcanique, dont les Parisiens n'ont pas oublié la performance dans la Dame de pique de Bastille. Autant le dire d'emblée, son tempérament, plus encore que sa voix, manque dans ce décor signé Erich Wonder épuisant de stylisation. Peter Mussbach devrait savoir que trop de classe tue la classe. L'hôtel particulier du livret de cet opéra peu donné de Strauss devient au Châtelet un de ces établissements ultra-design confiés par Ian Schrager à Starck. Dans ce dispositif sophistiqué, Mussbach semble manipuler avec une précision chirurgicale un casting vocal et dramatique exceptionnel, mais à aucun moment attachant.
Arabella n'est pas la plus lyrique des «conversations en musique» de Strauss. Cela n'empêche