Les deux artistes n'ont en commun que la contiguïté de leurs expositions. L'un est d'origine danoise, travaille à Berlin, voyage, bénéficie d'une petite mais grandissante réputation internationale et d'un gros catalogue. L'autre, croate, ne s'est guère déplacé. Pour sa première prestation parisienne, il a choisi une toute petite plaquette. Olafur Eliasson a 35 ans, Ivan Kozaric, 81. Mais, autant que ces différences de notoriété, d'origine ou de génération, sont ici confrontées deux conceptions distinctes de ce qu'est une exposition. Qu'est-ce qu'on y met, qu'est-ce que ça veut dire, qu'est-ce qu'on demande au spectateur et comment le persuade-t-on ?
Le plus jeune, mais aussi le plus rompu à la discipline, incarne la posture la plus moderne. Il utilise l'architecture du musée, ses salles, couloirs, escaliers, angles droits et murs tournants, pour rendre le visiteur attentif; le message personnel serait «regarde comme tu regardes». Dans les années 70, quand sculpteurs et peintres s'intéressaient à créer de nouvelles sensations visuelles, le philosophe important était Merleau-Ponty et sa phénoménologie de la perception.
Meringue écologique. Pour nous entraîner sur cette voie hypersensorielle, Eliasson fait d'abord marcher sur une couche solidifiée de lave noire, qui craque, telle une meringue écologique, sous les pieds. Puis il mène dans un sas jaune qui ôte toute perception des couleurs. Ensuite, arrive un parcours à la fois évident (constructions perspectives projetées sur un m