Dakar envoyée spéciale
Aminata Sophie Dieye a la trentaine, mais paraît vingt ans. Son langage est cru, ses longues jambes sont d'un noir parfait et ses seins tressautent gaiement sous le voile rouge. Autant dire qu'à Dakar, où elle anime depuis huit ans ses chroniques de «féministeries» dans toute la presse, sa réputation est plutôt sulfureuse. Aussi peut-on saluer comme un petit miracle qu'elle ait réussi à monter sa pièce Consulat Zénéral, grâce, qui plus est, à une résidence au centre culturel français, suivie d'une tournée de quatre semaines à travers l'Afrique de l'Ouest (4 500 kilomètres par la route).
Le sujet, l'attribution des visas, était chaud, en particulier dans les villes où la situation des consulats est critique, comme à Bamako (où le centre culturel français a d'ailleurs refusé de programmer le spectacle). Mais Laurent Bardou, directeur du centre de Bobo-Dioulasso (Burkina Faso), n'a pas senti de danger : «Le texte est drôle, enlevé, c'est du théâtre de boulevard africain. Je trouve intéressant de soutenir les provocateurs et les briseurs de tabou. Il ne faut pas se voiler la face, la situation au niveau des visas est conflictuelle : il était bon d'aborder le sujet, et de plus il attire les spectateurs. En fait, dans la galerie de portraits, les Africains sont plus mis à mal que les Français.»
Frustrations. Un bureau pour tout décor, devant lequel défilent les candidats au voyage : le journaliste culturel engoncé dans ses frustrations ethnocentristes ; l'ancie