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Libération
Critique

L'opéra funambule

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publié le 27 avril 2002 à 23h11

Un immense filet recouvre le fond de l'espace, et court jusqu'au-devant de la piste. En un tournemain, sous une lumière blafarde de hall de gare, il disparaît, enveloppé par la course d'une poignée d'athlètes en tenues moulantes. Un rideau moiré et baroque se distingue: dessus, proéminent et détaillé, s'affiche un sexe de femme au milieu d'une broussaille de poils. Les mâts du chapiteau composent l'ossature d'une cathédrale, des cymbales accrochées à un élastique dégringolant dans un fracas incroyable. Au même moment, un homme tête en bas fait le yo-yo, immobile.

Sama Samaruck Suck Suck débute dans cet imbroglio de sons et d'images éclatés où s'enchevêtrent la parole de corps malmenés, un vice-champion de BMX, une bassine d'eau translucide, et des touches de piano gigantesques.

Contorsions. L'opéra-cirque réalisé par le metteur en scène espagnol Carles Santos qui répond à l'invitation du Parc de la Villette est un rêve éveillé, par moments futilement abscons, à d'autres irrémédiablement saisissant. Telle l'apparition de cette contorsionniste lovée au creux d'une coquille d'escargot qui, la tête entre ses jambes, décrit d'une voix monstrueuse l'illusion des mots. «Avec mon corps, j'exprime moi-même la difficulté de la parole, emmêlée en elle-même. Son discours cesse d'informer, et il est dépassé par son ton contorsionné et obscur», déclame-t-elle en traversant la piste.

Le cirque s'empare rarement de la parole. Ici, en plus des parties chantées et exécutées par trois artistes ly