Ils sont cinq, trois femmes (Stéphanie Farison, Sylvie Hériot, Johanna Korthals Altes) et deux hommes (Philippe Vieux, Emile Tessier) employés au service après-vente d'une marque d'électroménager. Précisément : les Rolls des moulins à café. Ils en sont fiers, comme d'une famille à laquelle ils appartiendraient depuis toujours et pour toujours, voulant oublier que seul le travail les a réunis, par hasard, et qu'ils sont parfaitement interchangeables. La majeure partie de leurs journées, ils la passent enchaînés à des tâches routinières. Ils en vivent. En elles, se reconstituent effectivement les tours et détours hiérarchiques, affectifs des relations familiales.
Quiconque a travaillé dans une entreprise, quelle qu'elle soit, sait de quoi parle Michel Vinaver dans les Travaux et les Jours. Il a écrit la pièce en 1977, c'est peu dire qu'elle n'a pas vieilli. Elle est épouvantablement actuelle, mordante comme tout son théâtre. Il y est question des mutations technologiques briseuses d'emplois, des fusions boursières suivies de restructurations, des décisions patronales délivrées par communiqués bourrés de sigles ésotériques, avec réponses en forme de tracts syndicaux pétaradants... Il y est question d'intrigues et de complicités, de frustrations, d'ambitions, de pressions, d'une sorte de lien intime, plus fraternel que solidaire, à peine amoureux toujours la famille.
Tricot. En virtuose, Vinaver manipule les mouvements du coeur, les différents mobiles, laissant à chacun sa coule