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Libération

Nancy s'offre un «Passages» à l'Est

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publié le 13 mai 2002 à 23h27

Nancy envoyée spéciale

Le mois de mai à Nancy est fort occupé : un festival de chant choral, un autre de danses folkloriques. Et Passages. Qui, jusqu'à hier, recevait des artistes de l'Est (spectacles, con certs, films, rencontres), venus de République tchèque, d'Ouzbékistan, de Pologne, de Roumanie, du Tadjikistan, du Kazakhstan... Et de Russie, la nation la plus représentée. D'autant que si les Ouzbeks sont indépendants, ils continuent à parler russe. Tout au moins dans l'Ubu Roi créé par Mark Weil à Tashkent.

Dix spectacles ne peuvent pas raconter tout ce qui se passe dans ces pays, et puis le choix reste lié aux contraintes matérielles, aux rencontres, à la subjectivité. Une fois posées ces évidences, et même si quelques metteurs en scène affirment être débarrassés du passé, on en apprend beaucoup sur le poids de l'histoire.

Exubérance. Ainsi, avec Fro, dans la mise en scène de Vassili Sénine, élève de Fomenko, d'après une nouvelle d'Andreï Platonov écrite en 1938. Il y est question d'une jeune femme qui se meurt d'amour pour son mari ingénieur, obligé d'aller porter ailleurs les bienfaits de la civilisation soviétique. Une ironie grinçante s'étale dans ce spectacle, joué avec une exubérance jubilatoire entre deux passerelles. La passion, les déchirements s'y expriment à travers des tangos ringards, dan sés mécaniquement, comme si l'amour passait par des rituels aussi rigoristes que le quotidien, en ces années-là, en URSS. C'est là le regard effaré d'un jeune homme (Sénine