Bamako correspondance
Les écrivaines sont encore rares en Afrique francophone, mais quelques noms émergent, et certaines sont invitées au festival Etonnants Voyageurs, à Saint-Malo qui se déroule ce week-end (lire aussi en page 48 le portrait de Michel Le Bris, créateur du festival). Une chose frappe : leur vision particulière, très différente de celle des hommes, la violence prenant souvent le pas sur la dérision au point, parfois, de céder à la folie. Portrait de trois écrivaines en colère.
Aïda Mady Diallo
Kouty, mémoire de sang est une Série Noire en vente dans les halls de gare de l'Hexagone, rare privilège pour un auteur africain. Ce premier roman raconte la vengeance d'une enfant dont la famille a été assassinée sous ses yeux, et qui passe sa jeunesse à trucider un à un ces tortionnaires. Le livre a séduit l'éditeur Patrick Raynal, chez Gallimard, par le réalisme froid des scènes de meurtre, et l'auteure elle-même reconnaît que c'est ce qu'elle préfère écrire, construisant l'action autour de ces scènes. Pourquoi tant de haine ? Parce qu'Aïda est handicapée ? Parce que son père, notable de l'ancien régime malien, a été emprisonné ? Cette haine, il est vrai, porte le livre, mais fait s'interroger Moussa Konaté, directeur des éditions du Figuier et «découvreur» de la jeune fille, sur son avenir d'écrivaine, une fois la colère tarie. Esprit vif, plume leste, Aïda ne s'embarrasse pas d'états d'âme et campe une supernana africaine qui réussit dans tous ses macabres desseins. R