Depuis 1936, le «Saut du loup» abritait des gravats et une flore fantasque. Cette petite douve très encaissée dans le XVIe arrondissement de Paris, coincée entre les murs du Palais de Tokyo, les arches du métro et l'escalier qui descend vers la rue de la Manutention, est devenue un «vrai» jardin sauvage. Sur commande publique du ministère de la Culture, Marc Pouzol, paysagiste, et Laurent Dugua, architecte de l'atelier Balto, ont rendu une belle respiration à ce lieu délaissé.
Enclave. Impossible dans ce contexte exigu, sans soleil, de concevoir un jardinet traditionnel. Ils ont donc choisi d'escalader la contrainte du site, tout en gardant son histoire «modeste» (1). Ces deux hommes, défricheurs de lieux interstices de la ville, animent régulièrement Berlin avec leurs «Jardins temporaires» d'été (Libération du 4 août 2000). Ils appliquent ici la même démarche: faire «voir» cette enclave oubliée, du fond de la combe comme du haut des passerelles du palais.
Amateurs de plates-bandes s'abstenir. Pour visiter cet antre aux allures de petit sous-bois naissant, il faut marcher ou s'asseoir sur un platelage surélevé, telle une jetée. En léger contrebas, dans la terre protégée par une couche de mulch (copeaux de bois) qui garde l'humidité, 150 espèces végétales vigoureuses commencent à pointer leurs feuilles. Il ne leur est demandé qu'une seule chose : «Envahir l'espace.» Les grimpantes, comme la vigne du Japon, sont chargées de prendre d'assaut les «falaises» (20 à 40 mètres de haut