Timide, comme absent, Durand Boundzimbou n'a pas la parole facile. A 24 ans, ce garçon fluet et très élégant, fait des efforts colossaux pour continuer à danser, ce qu'il fait depuis l'âge de 8 ans, après avoir débuté dans un groupe traditionnel du Congo-Kinshasa où il est né et où il vit. Il commence à tourner un peu après s'être perfectionné à Dakar, à l'école de Germaine Acogny, puis à Montpellier. «Lorsque je retourne à Brazzaville, dit-il, je me demande toujours pourquoi. La vie est tellement incertaine. Je ne parle même pas des conditions de travail, mais de l'existence tout court. Du jour au lendemain, tu peux tout perdre. Il y a des crises politiques en permanence, des pillages, l'administration s'arrête, les frontières se bloquent.» Pourtant, il n'a pas choisi de s'installer en Europe, même si «lorsque je rentre au pays, les gens croient que je suis riche et je peux me faire tuer pour ça». Au cours d'une récente tournée, cinq membres de sa compagnie ont pris la clef des champs, sans le prévenir. «C'est ainsi, la vie c'est toujours trois points de suspension. Je les comprends, sans croire que ce soit la bonne solution, car l'Afrique nourrit nos créations.» Son solo tiraillé entre tradition et contemporain le dit bien. Il ajoute : «On ne vit que pour se soulager de quelques douleurs. Quand un jeune réussit au Congo, c'est un drame. Il faut tout cacher.» Couper ses dreadlocks aussi, «sinon tu peux être pris pour un rebelle». Et encaisser, pendant le festival, des spect
En catimini au Congo
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publié le 3 juin 2002 à 23h47
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