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Libération
Critique

La globalisation prise à bras le corps

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publié le 3 juin 2002 à 23h47

La Seine-Saint-Denis accueille depuis le 25 mai et dans six théâtres du département, quatre-vingts artistes de quinze pays. Nul folklore dans ces Rencontres chorégraphiques, sinon lorsqu'il sert d'appui à une démarche de création : le festival est tourné vers les propositions actuelles, qu'elles suscitent des spectacles aboutis ou attestent de recherches en cours, suggérant en cela l'état de la danse comme état du monde : sa trop grande vitesse, sa grande cruauté, ses injustices et, face à cela, la levée des corps, si endommagés et impuissants soient-ils, contre une globalisation dont ils sont exclus. Faire table rase et reconstruire, reprendre et repenser : c'est la déclaration du festival qui préfère montrer ce qui l'intéresse, plutôt que de se donner des slogans, les spectateurs étant invités à penser par eux-mêmes, lors de comités de lecture chorégraphique (1).

Songe et fougue. C'est par un voyage vidéo d'Anna Adahl à même la peau que Fabrice Lambert démarre son solo Rêve. Du détail microscopique au corps entier du danseur sur scène, il y a mille façons de regarder, mille points de vue à expérimenter. Rien de dans le langage, ni la pose du pied souvent sur la tranche, ni les comptes du temps, ni la manière d'être à la scène sans imposer d'image. Un songe sans effet de lumière, mais éclairé comme il le faut ; même de dos, le danseur engage un véritable dialogue avec le spectateur.

Le Neverland de Nasser Martin-Gousset est presque l'inverse, cherchant de manière volontariste