Dans son dos, la manifestation passe dans une rue de Moscou, mais la femme bien mise n'est pas encore prête à emboîter le pas. Sur le bas-côté, elle ajuste calmement son col de fourrure. Il fait froid, c'est un 7 novembre, jour anniversaire de la révolution d'Octobre. Elle passe d'une main dans l'autre des graines de tournesol, puis les glisse dans sa poche, accroche une broche à son col, met ses gants. Elle est, brièvement, comme hors du monde et dans la bande-son de ce court film vidéo, aux bruits de la manifestation a succédé l'air de la Marmotte, une chanson enfantine russe. La femme est enfin prête, elle saisit alors un portrait qu'elle avait posé sur le mur d'un passage piéton, le soulève : on reconnaît la tronche du mous tachu Staline. Elle s'éloigne.
Communautaires. Cette oeuvre signée Olga Chernysheva résume bien, à sa manière, les sujets et positionnements des quatre exposants russes actuellement réunis à Quimper. Chacun travaille dans son coin, en marge des cercles d'art moscovites, mais leurs oeuvres ont toujours trait à la communauté. Un «nous» noue leur «je» et ils en jouent. Olga Chernysheva présente en outre plusieurs séries de photos : l'une montre des visages de femmes, prises dans une nuée de matriochkas au Goum, le fameux magasin moscovite aujourd'hui entièrement voué à des marques de luxe occidentales, à l'exception des marchands de souvenirs. Du type à l'archétype, il n'y a qu'un pas.
Alexandre Ponomarev, qui exposait récemment à La Villette (Libération d