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Libération
Critique

A la santé des «Voisins»

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publié le 7 juin 2002 à 23h51

Il y a un peu moins de seize ans, Alain Françon créait les Voisins, entamant un long parcours avec l'auteur Michel Vinaver, l'un des contemporains auquel il revient le plus souvent. Aujourd'hui, le metteur en scène reprend ce texte à la Colline, dans une version (Actes Sud) légèrement rafraîchie par le dramaturge. Couronnée par le prix Ibsen à sa parution, la pièce n'a pas vieilli. Sans doute parce que cette histoire d'amitié de voisinage, vue à travers ses turpitudes quotidiennes, atteint à quelque chose d'universel. Des voisins, donc, Blason et Laheu, restés sans femme, vivent chacun avec leur enfant, Alice et Ulysse. La terrasse, commune aux deux maisons, abrite leur relation, souvent autour d'un repas partagé. Champagne, caviar ou vieux bordeaux, on ne lésine pas sur l'hospitalité. Sous l'oeil couveur des pères, Alice et Ulysse rêvent de mariage et d'une «fermette en haut de la côte après le virage juste à l'entrée de la forêt», véritable site de conte de fées, pour la transformer en restaurant.

Insécurité. Mais voilà qu'une rocambolesque affaire de trappe, de trésor et de Mme Daphné vient troubler leur tranquille autarcie. Le monde extérieur qui inquiète tant Blason ­ «l'insécurité vous ne la sentez pas qui s'accroît sans cesse, alors que ça fait un va-et-vient dans ma tête qui m'empêche le soir de fermer l'oeil, mais vous avez de la chance d'être aveugle et sourd à tout ce qui se passe dans le monde où nous vivons» ­ fait brutalement irruption sur la terrasse sous forme