Trois Victoires de la musique et de nombreuses retombées médiatiques font que Gérard Lesne est désormais connu du public français. Né à Montmorency en 1956, et passé par Alan Stivell et Pink Floyd avant d'arriver à Monteverdi, ce disciple d'Henri Ledroit a été découvert au milieu des années 80 dans les ensembles de William Christie et Philippe Herreweghe. Depuis, cet alto au mysticisme sensuel a enregistré avec son ensemble Il Seminario musicale une trentaine de dis ques, de Couperin à Scarlatti. Ce soir à Paris, il dirige et chante le David et Jonathas qui l'a révélé et d'autres courts opéras sacrés du même Charpentier.
Il y a quelques semaines, à Pérouges, il créait la suite de Tempus Fugit, un cycle de mélodies composé sur des haïkaï japonais allant du VIIIe au XIXe siècle, voyant l'instrumentarium de son ensemble baroque complété de petits gongs asiatiques.
Il s'en expliquait récemment : «J'ai créé une première partie de ce cycle au festival de musique contemporaine Roma Europe, en 1994. Avec ce que j'ai composé pour Pérouges, je dispose d'une demi-heure de musique. Il me manque vingt minutes supplémentaires pour faire un disque. Jean-Philippe Goude, en me replongeant dans la musique répétitive américaine, a eu une influence indirecte sur ces compositions, qui font le lien entre mon style de chant baroque et la musique électronique tout en séquences et en boucles que je compose par ailleurs.»
Ce «Tempus Fugit» fait surtout penser au Britten contemplatif et modal de «Curlew