Un hôtel parisien à l'heure du déjeuner. Au septième étage, la moquette est muette, les couloirs (roses), déserts, la porte d'une chambre, entrouverte... Le trio américain de Shivaree devise calmement. Shivaree, contrairement à ce que la photo en couverture d'un explosif premier album paru il y a deux ans (Libération du 18 mai 2000) laissait accroire, n'est pas seulement la liane aux longs cheveux qui fait entendre la particularité de sa voix. Mais «il semble que les pays où l'on a collé ma photo sur la pochette aient connu de bien meilleures ventes qu'ailleurs», justifie en rigolant Ambrosia Parsley, la jeune femme en question. Du coup, pour le deuxième album, une sorte de patchwork éclectique et postmoderne acceptant toutes les influences sous le titre condensé de Rough Dreams («rêves bruts»), Ambrosia reste en couverture, mais, comme elle déteste être photographiée, elle s'est flanqué un large masque de sommeil sur les yeux.
Ainsi Shivaree n'est pas qu'une jolie fille. C'est aussi deux garçons, plus âgés qu'elle. De ce groupe, Ambrosia n'est ni la dominatrix, ni l'oie blanche, mais un curieux joyau. «On a bâti la formation autour de sa voix et de ses mélodies», explique Duke. Dans ce trio à la Truffaut version américaine, Jules pourrait être Duke, et Jim, Danny. D'ailleurs Danny McGough (claviers, guitare, etc.), 42 ans, blond au visage taquin, ressemble vaguement au Jim du film. Duke McVinnie (basse, guitare, etc.), quant à lui, parle peu, mais d'une voix basse, qui s'acc