envoyée spéciale à Jarny
Cidre, salami et petits gâteaux : ça commence comme une réunion Tupperware. Le logis est nickel, les invités, apprêtés. Venus en couples pour la plupart, ils papotent par petits groupes en attendant le spectacle une adaptation par Jean Lambert-Wild de la nouvelle de Franz Kafka, le Terrier qui, la veille, s'est tenu dans un autre appartement. Soudain, une énergumène bondit hors de la cave, comme un diable de sa boîte. Vieille folle montée sur rollers et nippée façon Barbara Cartland qui se comporte aussitôt en maîtresse des lieux.
Fouillant derrière les meubles, sous les coussins, elle nous entraîne progressivement dans l'entreprise démentielle de cet être-taupe, qui blinde son terrier pour se prémunir contre les attaques d'ennemis invisibles. A voir les regards noirs qu'elle distribue, on comprend que la petite assemblée comporte autant d'ennemis que de spectateurs.
Coup de tête. «Qu'est-ce que la confiance ?, marmonne-t-elle. Je me fie à quelqu'un quand je suis face à face avec lui, mais puis-je encore me fier à lui quand je ne l'ai pas sous mes yeux et qu'une couche de mousse nous sépare ? Il est relativement facile de faire confiance à quelqu'un quand on le surveille en même temps, ou tout au moins quand on peut le surveiller ; il est peut-être même facile de faire confiance à quelqu'un de loin, mais de l'intérieur du terrier, du fond d'un autre monde...»
Fidèle à l'esprit de la nouvelle de Kafka, l'actrice (Aude de Rouffignac) installe un climat