Hormis le mythique Jours étranges de Dominique Bagouet (1990), un spectacle beatnik, esthétiquement débraillé sur la musique des Doors, les chorégraphes n'ont jamais vraiment convaincu en voulant traiter des utopies libertaires et communautaires des années 60-70. Avec son Garage-essai sur la mystique rock, Karine Saporta n'avait pu déjouer le piège des clichés produits par le marketing qui accompagna cette heureuse période «sex and drug and rock'n roll». La Belge Michèle-Anne De Mey avec Utopie appelle de nouveau au rêve en convoquant un passé porteur d'avenir.
Voyage musical. Pour ce faire, avec son frère Thierry, compositeur, elle part à Londres afin de rencontrer Robert Wyatt, ex-leader du groupe mythique Soft Machine. Il ne veut pas composer une musique spécialement pour le spectacle, mais envoie l'intégrale de ses oeuvres : «choisis celles que tu aimes, transforme, compose ton propre projet : il existera mieux.» De Robert Wyatt, elle conserve principalement des extraits du premier album solo, Rock Bottom. Un autre compositeur, le Britannique Jonathan Harvey, entre dans l'histoire et compose Mythic Figures. Le tout, avec la dramaturgie de Thierry De Mey, dessine un voyage musical en relation étroite avec le trip chorégraphique qui part des utopies d'antan pour mieux y revenir aujourd'hui.
Tout commence par une courte scène de révolte adolescente, autour d'un minable gâteau d'anniversaire. Hystérisation. Il ne reste qu'une échappatoire : le départ illusoire d'une société co