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Libération

«Allô, ici l'art(mée)»

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A Nantes, échange de standards entre le fonds régional d'art contemporain et le Centre de recrutement de l'armée de terre.
publié le 20 juin 2002 à 0h01

Nantes envoyé spécial

«Bonjour, je vous téléphone pour parler d'un projet de chorégraphie...» Le capitaine Hervé Bax de Keating, un artilleur, opine du chef, prend quelques notes et explique à son interlocutrice ­ quelque peu interloquée ­ qu'elle parle à un officier chargé du recrutement de l'armée de terre. Ce n'est pourtant pas l'histoire de la boucherie Sanzot, chère à Hergé. La preuve : au même moment, le téléphone sonne au fonds régional d'art contemporain (Frac) des Pays-de-Loire. «Je voudrais savoir quelles sont les conditions pour s'engager dans l'armée ?» et Jean-Michel Jagot, régisseur au Frac, répond : «Au minimum : dix-sept ans et demi, niveau CAP et pas de casier judiciaire. Le mieux est que vous passiez nous voir au Cirat (1). Je vous donne les heures d'ouverture.»

«Décloisonner.» Cette permutation de lignes téléphoniques est un projet artistique. Durant toute cette semaine, le Frac et le Cirat de Nantes s'essayent à un «transfert de compétence». ça marche. «Je me suis surpris à dire "nous" à propos de l'armée», confie Jean-Michel Jagot qui, d'ordinaire, s'occupe de la diffusion de la collection d'art contemporain. «Un papa m'a quand même avoué qu'il trouvait ma manière de parler assez peu militaire», reconnaît-il. Côté militaire, justement, on évite simplement les «affirmatif !» pour répondre positivement aux jeunes créateurs de la région.

L'art et l'armée, ces deux mondes n'ont pas vraiment la réputation de se fréquenter. Judith Quentel, du Frac : «Je n'avais a